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Nanomondes et imaginaires
-de l’hyperminiaturisation :
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- Impact des nanotechnologies et de l’hyperminiaturisation
-sur les imaginaires, les méthodes de conception et les outils
-de débat public du nouveau monde industriel.
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-S’il faut parler de nouveau monde industriel – au sens où une industrie est en premier lieu un processus de transformation technologique
-de la matière –, c’est bien avec les nanotechnologies et ce que l’on
-appelle le « nano-monde » que cela s’impose.
-Lorsque Bill Clinton lança la National Nanotechnology Initiative,
-c’était en posant que les technologies d’exploitation et de transformation de la matière à l’échelle nanométrique permettraient d’envisager
-une nouvelle économie, alors même que l’atteinte des limites à l’exploitation micro-électronique de la matière semblait avérée.
-La « loi de Moore », aussi sujette à discussion qu’elle puisse être (et
-ces nouveaux Entretiens en feront un sujet de débat), a mis la microphysique au cœur du développement économique depuis les premiers
-transistors jusqu’aux microprocesseurs, c’est-à-dire aux puces
-électroniques. Elle montre que loin d’être « immatérielle »,
-l’économie numérique est au contraire extrêmement liée aux
-technologies de la matière.
-La micro-électronique est cependant réputée devoir atteindre ses
-limites à une échéance prochaine. Or, c’est la réduction vertigineuse
-des coûts de la mémoire électronique qui a permis l’expansion des
-technologies numériques, en particulier depuis la constitution du
-world wide web. Ceci a permis une pratique massive d’internet qui a
-bouleversé les modèles industriels des télécommunications aussi bien
-que de l’informatique et de l’audiovisuel et bien au-delà :
-commerce, rapport à l’espace et au temps, savoirs, débat public, etc.
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-C’est d’abord de ce point de vue que la question a été posée de
-passer d’une industrie de transformation de la matière à l’échelle du
-millionième de mètre à la nano-industrie, c’est-à-dire aux matériaux
-nanostructurés au milliardième de mètre.
-Bien au-delà du numérique, ce sont cependant les domaines des
-matériaux (bâtiment, métallurgie, etc.), de la médecine, des
-biotechnologies, notamment, qui sont concernés. Tous les domaines
-du secteur industriel semblent en fin de compte impliqués par ce que
-l’on décrit parfois comme la nouvelle convergence (après celle de
-l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel).
-Tel est l’enjeu de ce que nous décrirons au cours de ces Entretiens
-2010 comme un processus d’hyper-miniaturisation. Ce devenir qui
-ouvre une série de possibilités inouïes, soulève autant de questions
-économiques, politiques et épistémologiques.
-L’hyper-miniaturisation fait passer le monde industriel à l’échelle
-quantique dont les propriétés sont tout autre qu’à l’échelle macrophysique (et relèvent d’une « hypermatière », c’est-à-dire d’un couple énergie/information où l’opposition entre la matière et la forme
-n’a plus cours : la matière s’y « présente » précisément comme une
-forme). Et ce que l’on appelle les « nanoparticules » issues de cette
-hyper-miniaturisation troublent les frontières par lesquelles les
-organismes vivants se distinguent de leurs milieux extérieurs.
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-Le changement d’échelle est l’enjeu de nouveaux imaginaires où se
-projette le « nano-monde » – parmi lesquels on peut distinguer :
- les imaginaires de l’industrie, et de l’histoire nouvelle qu’elle nous .
-raconte à travers la conquête de la nano-dimension, qui permettrait
-de maintenir ouvertes les possibilités d’innovation industrielle et
-l’activité économique dans son ensemble ;
- les imaginaires scientifiques tels qu’ils passent par une technologie .
-de l’imagination (au sens fort de la production d’images) de ce qui, à
-l’échelle nanométrique, n’est pas visible, et que le microscope à effet
-tunnel, par exemple, permet de manipuler, mais aussi de figurer par
-des artefacts graphiques ;
- les imaginaires sociaux traversés et surcodés aussi bien par les pratiques littéraires de la science-fiction que par les discours politiques et .
-les débats citoyens – dans un contexte de crise économique et morale
-mondiale.
-Nous faisons aussi l’hypothèse que des imaginaires économiques et
-politiques nouveaux, tels qu’ils permettraient de projeter et de désirer
-un avenir technologique et industriel raisonné, réfléchi, débattu et
-partagé par la société, passent par l’intégration des questions nanotechnologiques avec celles que nous avions soulevées dans les éditions
-précédentes des Entretiens du nouveau monde industriel : l’innovation ascendante, les technologies relationnelles réticulaires et les
-objets communicants – opérateurs technologiques qui transforment
-le monde quotidien en profondeur.
-Cette transformation est déjà largement entamée. La quatrième
-édition des Entretiens du nouveau monde industriel s’efforcera d’intégrer ces questions.
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