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Wed, 11 Mar 2009 15:30:12 +0000
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<div id="abstract">
              <p>
              <b>R�sum� </b>:
<p align="justify">Ce nouveau s�minaire 
aura pour objet l&rsquo;articulation de la pratique artistique et du jugement 
critique. Il prendra appui sur un s�minaire engag� en 2006 � Paris 
X, consacr� aux impasses formalistes auxquelles s&rsquo;est confront� 
l&rsquo;art conceptuel et n�o-conceptuel. En nous appuyant sur les �crits 
de Jeff Wall, nous avions �tudi� comment l&rsquo;interrogation de l&rsquo;institution 
par les pratiques conceptuelles et n�o-conceptuelles de l&rsquo;art avaient 
succomb� � une institutionnalisation de ces pratiques, et un mouvement 
de retour � des positions formalistes plus ou moins explicites, et, 
par voie de cons�quence, au renforcement de la lecture greenbergienne 
de l&rsquo;histoire de l&rsquo;art moderne. <br/></p>

<p align="justify">      Ces 
analyses nous ont amen� � reposer l&rsquo;importance pour l&rsquo;art, pour 
sa production comme pour sa r�ception, de la notion d&rsquo;exp�rience 
sans contenu. � L&rsquo;exp�rience esth�tique nous forme, modifie nos 
sentiments et nous transforme : c&rsquo;est pourquoi, selon Kant, on a besoin 
d&rsquo;art �. (Jeff Wall, Ecrits et entretiens, p.29). La critique doit 
passer � par � nous, si nous voulons en devenir les agents. Ce que Kant 
appelle � jugement � dans la Troisi�me Critique est l&rsquo;appr�ciation 
� sentimentale � de cette formation par l&rsquo;exp�rience esth�tique. 
L&rsquo;exercice du jugement s&rsquo;oriente � partir du � jeu des facult�s � 
et suppose que ce jeu puisse �tre appr�hend� dans ses accords comme 
dans ses d�saccords, comme plaisir ou comme d�plaisir. Mais cette 
appr�hension n&rsquo;est pas intuitive : elle doit �tre r�fl�chie � 
partir d&rsquo;une forme � une � que Kant identifie � la forme de l&rsquo;entendement. <br/>
</p>

<p align="justify">      Tout 
en conservant l&rsquo;essentiel de cette notion d&rsquo;exp�rience esth�tique, 
la modernit� a contest�  que cette forme � une � puisse �tre 
donn�e a priori. Comme le montre l&rsquo;histoire de la forme-tableau au 
moins depuis Manet, elle a montr� et travaill� le caract�re historique 
et artificiel de cette forme. Mais surtout elle a montr� qu&rsquo;elle 
devait �tre pratiqu�e pour donner lieu � exp�rience. La modernit� 
a ainsi insist� sur la force non seulement formative mais transformatrice 
de l&rsquo;exp�rience esth�tique. Ce qui a donn� lieu, du c�t� de la 
production, � l&rsquo;abandon � du � medium pour l&rsquo;exp�rimentation des 
media, et, du c�t� de la r�ception, � la probl�matisation de la 
forme-mus�e. C&rsquo;est ainsi que le jugement s&rsquo;est �largi jusqu&rsquo;
inclure la pratique comme une de ses dimensions. </p>
<p align="justify">      L&rsquo;articulation 
du jugement et de la pratique est au coeur de l&rsquo;exp�rience artistique 
moderne, qu&rsquo;on la consid�re du point de vue de la r�ception ou de 
la production. Elle pourrait �tre d�finie par le mot de � justesse � 
qui ajoute aux deux premi�res, jugement et pratique, la notion fondamentale 
de � balance � ou de critique. La justesse d�signe la mani�re dont 
la transmission artistique de l&rsquo;exp�rience peut transformer les donn�es 
esth�tiques de cette exp�rience.  <br/></p>

<p align="justify">      Le 
s�minaire � venir partira de ces formulations et reformulations de 
la modernit� et les reprendra � la lumi�re du discours philosophique 
de Michel Foucault et de son analyse de la modernit� comme � r�flexion 
du pr�sent � telle qu&rsquo;elle est propos�e dans les diff�rentes versions 
de l&rsquo;essai de 1984 Was ist Aufkl�rung. Foucault relance dans ce texte 
le projet kantien de modernit� critique, � ceci pr�s que le sujet 
de la r�flexion n&rsquo;est pas le sujet de l&rsquo;entendement et ses capacit�s 
de sch�matisation mais ce qu&rsquo;il appelle les savoirs, c&rsquo;est-�-dire 
les formules �pist�mologiques qui en s&rsquo;effectuant sous la forme 
de techniques op�rent, sans l&rsquo;intervention pr�cis�ment d&rsquo;aucun 
jugement, le contr�le des modes d&rsquo;individuation. Comment d�nouer 
le lien fatal entre ma�trise technologique et domination bio-politique ? 
ou encore comment d�connecter la � croissance des capacit�s et l&rsquo;intensification 
des relations de pouvoir � ? Telle est la question � laquelle se trouvent 
confront�es les Lumi�res contemporaines. <br/></p>
<p align="justify">      Dans 
ce contexte, Michel Foucault r�introduit la fonction du � jugement � 
� partir de l&rsquo;exp�rimentation des pouvoirs conf�r�s aux savoirs 
par les techniques. L&rsquo;exp�rimentation par exemple des pouvoirs sur 
les corps conf�r�s aux th�ories sociales occidentales par les techniques 
d&rsquo;administration de la vie et de la mort. Conduite dans un esprit 
de transgression m�thodique, cette exp�rimentation des moyens non 
plus en vue de leurs fins � propres � mais ind�pendamment de ces fins, 
voire contre  elles, � autorise � une r�flexion de ces moyens, 
et, avec elle, l&rsquo;invention de formules �pist�mologiques neuves. 
Le jugement d�signe dans ce contexte la � conduite � de la transgression. 
Pour que la transgression puisse donner lieu � des modes d&rsquo;individuation 
qui exc�dent les � programmes de contr�le �  sans pour autant 
sortir du terrain de l&rsquo;exp�rimentation partageable, voire universalisable, 
-ce en quoi Foucault demeure un Aufkl�rer- elle doit en effet �tre 
dirig�e. Cette conduite, direction ou pratique rel�ve d&rsquo;un art du 
jugement ou ethos que Michel Foucault r�f�re aux techniques de soi 
antiques et chr�tiennes. Et tout particuli�rement aux arts de la m�moire. 
Le jugement devient dans sa pens�e � souci de soi �.  <br/>

</p>
<p align="justify">      Qu&rsquo;en 
est-il aujourd&rsquo;hui de cet art du jugement, autrement dit de la possibilit� 
de conduire l&rsquo;exp�rimentation des modes de contr�le impliqu�s par 
les technologies contemporaines dans le sens de la transgression de 
telle mani�re qu&rsquo;elle puissent servir de nouvelles formules �pist�mologiques 
et des modes d&rsquo;individuation in�dits ?  <br/></p>

<p align="justify">      Michel 
Foucault l�gue cette question ; il n&rsquo;y r�pond pas, s&rsquo;�tant consacr� 
� l&rsquo;articuler dans le contexte de savoirs m�diatis�s par les techniques 
de production et d&rsquo;administration du 19<sup>�me</sup> si�cle. C&rsquo;est 
pourquoi sa th�orie a pu �tre mise au service de la d�fense des identit�s 
et r�cup�r�e par des �pist�mologisations � vocation identitaire, 
ce qui n&rsquo;�tait assur�ment pas son propos. Pourtant son int�r�t 
pour les arts de la m�moire sur lesquels reposent les techniques de 
soi traditionnelles est de premi�re importance pour la compr�hension 
de ce que peut �tre une pratique transgressive de nos outils. <br/>

</p>
<p align="justify">      L&rsquo;articulation 
savoirs/pouvoirs passe aujourd&rsquo;hui par les technologies de reproduction 
et d&rsquo;archivage, et le contr�le politique des soci�t�s s&rsquo;exerce 
par l&rsquo;interm�diaire des appareils collectifs de m�morisation.  
Avant de s&rsquo;exercer sur les individus, les pouvoirs des syst�mes de 
programmation s&rsquo;exercent sur l&rsquo;information elle-m�me. La question 
est donc de savoir ce que signifient dans ce contexte nouveau et au-del� 
du pragmatisme ambiant les concepts de r�flexion, de transgression, 
de jugement.  <br/></p>
<p align="justify">      La 
nouvelle forme de la relation de pouvoir est aujourd&rsquo;hui l&rsquo;information. 
Cette information se r�fl�chit automatiquement en s&rsquo;archivant. Pour 
que cette r�flexion automatique devienne mati�re � exp�rimentation 
il est n�cessaire que cet archivage �mancipe l&rsquo;information du programme 
qui l&rsquo;a produite et la connecte avec d&rsquo;autres programmes. C&rsquo;est 
le mod�le rhyzomatique de l&rsquo;archive con�u par Gilles Deleuze � pour � 
Michel Foucault, mod�le actuellement pratiqu� par de nombreux artistes. 
Mais � quelle condition cette exp�rimentation est-elle transgression au 
sens o� Foucault l&rsquo;entend ? A condition qu&rsquo;elle �mancipe l&rsquo;information 
non seulement de � son � programme, mais de sa fonction de communication 
soluble dans l&rsquo;op�ration de sa transmission, et que sa r�flexion 
ne soit pas simplement formelle mais r�elle : qu&rsquo;elle produise non 
seulement de la connectivit� mais de l&rsquo;individuation. L&rsquo;information 
est r�fl�chie sur un mode pratique d�s lors qu&rsquo;elle est lue. Lue, 
interpr�t�e, document�e. L&rsquo;op�ration du jugement intervient ici 
avec l&rsquo;intervention de la lecture, partie int�grante des techniques 
de soi et des arts de la m�moire. <br/></p>

<p align="justify">      Nous 
pourrons alors faire retour vers l&rsquo;art contemporain, pour envisager 
les modes de lecture, de r�inscription et d&rsquo;archivage qu&rsquo;il met 
en oeuvre comme autant d&rsquo;actualisations de la r�flexion de Michel 
Foucault. On s&rsquo;int�ressera dans cette perspective � l&rsquo;oeuvre de 
Chris Marker, de Pierre Huyghe et de Tatiana Trouv�. Il s&rsquo;agira au 
cours de cette �tape de proposer des repr�sentations du jugement aujourd&rsquo;hui 
tel qu&rsquo;il s&rsquo;exerce dans la production/r�ception artistique de mani�re 
� pouvoir �largir ce concept de � lecture �. � <br/> <br/>
</div>