Une polémique peut en cacher une autre ! Les médias ont -fait leurs choux gras ces derniers jours des ennuis qu’a connus Arnaud -Montebourg au sujet de la Banque publique d’investissement (BPI) et se -sont longuement attardés sur les conflits d’intérêts que pourrait -connaître avec ce dossier le ministre du redressement productif. -Las ! L’histoire n’est pourtant pas celle qui a circulé dans la -presse et qui, sur fond d’envolée du chômage, a transformé la rentrée du - gouvernement en un psychodrame. Selon notre enquête, c’est plutôt une -sorte de piège dans lequel est tombé Arnaud Montebourg.
- -Et si le fait mérite qu’on s’y arrête, c’est qu’il va bien au-delà -des détestations ou des animosités qui peuvent opposer certains -ministres du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il révèle aussi que les -deux principaux ministres de Bercy, d’un côté Pierre Moscovici qui a en -charge les finances, de l’autre Arnaud Montebourg, en charge de -l’industrie, ont des visions très différentes de la Banque publique - d’investissement, l’un des projets phare du quinquennat de François -Hollande. En clair, deux des plus fortes personnalités du gouvernement -ont des conceptions divergentes de la politique économique à suivre.
- -Pour le comprendre, reprenons le fil de notre feuilleton. C’est un article du Nouvel Observateur qui - met le feu aux poudres, jeudi, en suggérant que le projet de -constitution de la BPI pouvait être entaché, dès sa conception, d’un -grave conflit d’intérêts (lire Ce que l’affaire Pigasse révèle sur le capitalisme parisien). - Révélant que Matthieu Pigasse, dirigeant de la branche française de la -banque Lazard, avait obtenu ce mandat pour conseiller le gouvernement -lors de la création de la future Banque publique d'investissement, -l'article pointait au détour de son enquête qu'au moment où cette -décision était prise, le même banquier d’affaires nommait Audrey Pulvar, - la compagne d'Arnaud Montebourg, à la tête du magazine Les Inrockuptibles dont il est le propriétaire – il est aussi l’un des copropriétaires du Monde.
- -Colère d’Arnaud Montebourg qui a aussitôt juré ses grands dieux qu’il - n’était au courant de rien et que s’il avait été dans la confidence, il - se serait opposé au choix pour la BPI du banquier d’affaires. -Explication du ministre : « La Banque publique -d'investissement, je trouve qu'elle ne peut pas être réalisée par des -banquiers, parce que faire une banque qui ressemblerait à d'autres -banques, ce n'est vraiment pas ce que l'on cherche à faire. » -De son côté, le ministre des finances, Pierre Moscovici, a semblé voler -au secours de son collègue du gouvernement en affirmant, dans un -communiqué (il est ici), - qu’il était le seul responsable de la décision, et qu’il l’avait prise -après une procédure classique de sélection d’une banque conseil, -conduite par l’Agence des participations de l’État (APE) et la direction - générale du Trésor.
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